mardi 8 mai 2012

Lettre à François H.

Bien cher François,

J'espère que tu ne m'en voudras pas, mais le temps d'un instant, je vais m'octroyer le droit de mettre de côté les convenances et autres formes protocolaires. 

Première audace de ma part, te tutoyer. Car, au plus profond de mon être, je suis un Socialiste ; certes pas militant, mais croyant au-delà des épreuves et des tempêtes traversées. Issu de la génération du 21-Avril, je n'ai eu de cesse, depuis lors, de croire. Croire que le retour de la Gauche était possible et finirait bien par arriver un de ces jours. Aujourd'hui, alors que les Français dans leur majorité absolue t'ont accordé leurs suffrages, tu vas succéder (le 15 mai prochain très officiellement) à Nicolas Sarkozy et remettre la Gauche au pouvoir après 17 ans d'absence. Un moment de cette portée historique justifie bien quelques audaces...

Deuxième audace, te dire tout le bien que je pense de toi (sans passer pour un flagorneur). Du bien à ton endroit, j'en aurai des lignes et des lignes à écrire. Car, pour moi tu es l'incarnation de l'homme politique dans tout ce qu'il a de plus noble. Beaucoup ont raillé ta mollesse, ton manque d'engagement pour les prises de décisions et tant de lieux-communs. De mon côté, j'ai toujours pris le contre-pied. Je n'ai eu de cesse d'aller contre tous ceux qui te traitaient de "Flanby" et autres noms d'oiseaux, et ce aussi sûrement que je m'attaquais à ceux qui appelaient le Président sortant "Le nain". Comme tu montrais la direction du respect, il était normal pour moi de cheminer dans tes pas. Modestement, à mon niveau. Donc, oui, clairement, j'ai cette image quasi pieuse de toi.

Troisième audace, te mettre en garde. En garde contre le futur qui vient. Les temps qui s'annoncent ne prêtent guère à l'optimisme tant la crise que nous traversons est profonde. M'est-il permis de te demander de tenir bon, d'être fort et courageux dans la bataille. Vaillant aussi. Je sais que tu portes le Changement que tu appelais avec tes tripes lorsque tu es entré en campagne en mars 2011 pour briguer l'investiture socialiste et pouvoir te présenter devant l'ensemble des Français. J'ai la faiblesse de penser que, quoiqu'il arrive, tu ne varieras pas et continueras d'avoir le Changement chevillé au corps. Comme un leitmotiv. Parce qu'au fond, tu es ce que l'on peut appeler un homme bon. Un homme de Bien. Tu sais également ce que la France attend de toi. Cette France que tu as au cœur ; aussi sûrement que je porte haut cette rose qui a enfin vu ses pétales se déployer de nouveau, ce dimanche 6 mai 2012.

Je souhaiterai conclure cette missive sur ce moment partagé avec un Ami lors de la soirée du 6 mai dernier. Alors qu'avec mon frère nous nous rendions à la salle des fêtes de ma petite commune girondine pour y voir les résultats de l'ensemble des bureaux de vote locaux, j'ai reçu l'appel de ce fameux Ami. Lui à New York, moi ici, et Nostalgie à la radio. En décrochant, je lui ai à peu près tenu ce discours "C'est bon, on a gagné..." avant de fondre en larmes. Ces larmes avaient le goût sucré de la joie tant le moment était désiré et l'appel inattendu. Aussitôt, je me suis mis à penser à la France et à la chance qui se présentait à nous. Cette chance de voir les choses changer. Maintenant.


Mon cher François, avant de partir, reçois l'assurance de mon total soutien pour mettre en œuvre ce changement. Du mieux possible. Maintenant et demain !

Signé : Un enfant du 6-Mai.