jeudi 18 juin 2009

Lettre à Jacques C.

Cher Jacques,

eu égard à la fonction que vous avez occupé pendant douze années, je prends le parti, en vous écrivant aujourd'hui, de ne pas vous tutoyer. Ceci dit, vous connaissant un tantinet soit peu, le tutoiement eut été une bonne approche, mais pas envie de tomber dans quelque travers que ce soit. Vous comprendrez bien où je veux en venir.

Voici donc deux années, en gros, que vous avez quitté le Château pour vivre une existence "d'ex" et enfin habiter un autre endroit qu'un palais de la République. Mais ce n'était pas de votre faute. Maire de Paris, ministre, Premier ministre, Président, vous avez eu toutes les fonctions possibles et ainsi leurs avantages. On ne peut pas vous blâmer pour cela. D'ailleurs, vous êtes si sympathique, aujourd'hui, aux yeux des Français. A commencer par les miens. Quoiqu'il en soit, j'ai toujours eu une approche différente vous concernant. Car, même profondément de Gauche, je vous ai toujours gardé une sorte d'attachement. Une espèce de tendresse inexplicable. Pour la stature que vous aviez peut-être. Votre imposante présence aussi, sans doute. Bref, tout cela conjugué fait que je vous ai, plus ou moins, toujours apprécié. Aujourd'hui, je peux livrer ce constat sans être accusé de quelque connivence que ce soit, ou de lèche-bottisme, étant donné que vous n'êtes rien de moins qu'un retraité. Certes, un retraité de luxe. Certainement le premier de la République. Ou le deuxième, Valéry étant encore de la partie. Mais, vous êtes, après Mitterrand, celui qui a durablement marqué notre Histoire, depuis les années 1980. N'en déplaise à d'aucuns!

Aujourd'hui donc, je voulais vous écrire que je vous aime bien. C'est simple comme du Chirac. Et pourtant combien de fois m'avez-vous énervé, aussi sûrement que vous agacez Bernadette en dragouillant ça et là quelque jeune femme au potentiel nonobstant très agréable. En ce sens, vous êtes resté un excellent politique. Toujours ce besoin de plaire, de convaincre et de séduire. Oui séduire. Tout le monde le sait, vous aimez cela. Je passerai sur les légendes urbaines vous ayant affublé de surnoms peu flatteurs. Je vous aime bien, vous ai-je écrit plus haut, donc point de petite pique à votre endroit dans cette missive. A part peut-être une. Enfin, plutôt une interrogation. Et encore, cela concerne la Politique.

Jacques, pourquoi n'avez-vous pas débuté la politique d'ouverture à l'issue du second tour de l'élection présidentielle de 2002? Nous, les gens de Gauche, attendions un remerciement, une attention. Ayant mis nos convictions de côté, nous avions voté en masse pour vous. Et au soir de votre élection avec un score dépassant les 82%: rien. Et depuis lors: rien. Rien, rien et encore rien. Aucun geste. Mince, avais-je pensé. Merde, avais-je éructé! Mais, tout cela, aujourd'hui, c'est du passé. Je vous pardonne ne nous avoir oublié, ce soir là, et les soirs d'après. Après tout, justement, vous aviez peut-être votre dose de cinq années de cohabitation. Allez savoir...

Au gré des lignes, vous avez pu voir qu'il n'y avait, finalement, aucune animosité à votre endroit de ma part. Eh bien, sachez que c'est le cas de bon nombre de Français. On ne sait l'expliquer, mais ils vous aiment. Vous représentez, encore et toujours, cette image paternelle. Ce roc inaltérable et doué d'un humour certain. Ou d'un certain humour. Votre côté corrézien, ça...

Pour terminer, mon cher Jacques, figurez-vous que je pars, cet après-midi, dans les Antilles. Raison professionnelle. Le voyage ne durera que 10 jours et nous y serons pour la visite du Président. M'est avis que l'actuel y est nettement moins apprécié que vous le fûtes. Les Ultra-marins vous adoraient et vous accueillaient toujours à bras ouverts. Demain, la musique sera toute autre. La musique, justement... Depuis votre départ, les valses ont succédé à cette musique qui vous était très personnelle. Mais douce. Très douce...

Vous gardant mon attachement.
Bien à vous.
Un admirateur contenu.

mardi 16 juin 2009

Lettre à Alain B.

Cher Alain,

cela fait bien longtemps que je voulais t'écrire. Depuis que tu es parti, j'écoute presque en boucle des morceaux choisis issus de tes meilleurs albums. Et, il faut bien le dire, ça me déchire de savoir qu'il n'y en aura jamais plus d'autres. Ce manque là est cruel. Impitoyable, même. Alors, je me repasse ces moments de poésie intense, pour tomber en extase et savourer chaque mot. Masochisme maîtrisé.
Chaque jour, donc, je redécouvre ces mots écris au gré de ta vie. "Bleu Pétrole" est, à cet effet, une mine immense et inestimable. En l'écoutant, je me rappelle ton absence.

Quand es-tu parti, au fait? Je ne me rappelle que de la dernière fois où je t'ai vu. C'était aux Victoires de la Musique. Quelle consécration pour toi, ce soir-là. La profession devait savoir que tu allais partir. Alors, justement, on t'a largement récompensé; dans la précipitation. Je me souviens de tes émotions délivrées auprès de Nagui, le maître de cérémonie. Personne n'était dupe. Ta fin était toute proche, c'était sûr.
Puis-je te confier, presque honteux, que, ce soir là, j'ai ricané de te voir ainsi. Décharné que tu étais, tu offrais une vision pathétique de ce que tu étais devenu. Tu t'étais transformé en un vieillard famélique, creusé et vitreux. Fantomatique. Mais, ce cynisme cachait bien autre chose: mon attachement indéfectible à ton endroit. Et, tu le sais, on n'aime jamais voir les gens qu'on aime en pleine apocalypse. On se protège comme on peut.

Aujourd'hui, j'écoute encore "La Nuit je mens". J'écorche encore et toujours tes paroles. Mais je n'ai jamais autant rêvé être un "dresseur de loulous, dynamiteur d'aqueducs". Quoiqu'il en soit, il subsiste "encore ton écho". Un écho qui est largement agrémenté par ces chansons riches de sens. Une petite musique qu'il est bon d'entendre et de s'approprier... Pour combler le vide.

Sache, simplement, que tu manques. Et, où tu es, passe le bonjour à Fred C. Il manque beaucoup, lui aussi.

Bien à toi.
Un fan triste comme une pierre.

lundi 15 juin 2009

Fout le champ!

Assises de la sécurité intérieure - Lundi 15 juin - Carrousel du Louvre (Paris).

Commissaire sur la réserve.

Assises de la sécurité intérieure - Lundi 15 juin - Carrousel du Louvre (Paris).

Lettre à Martine A.

Chère Martine,

ce matin, en écoutant un bon vieux standard de ce néanmoins talentueux M. Dylan, j'ai pensé à vous. A vous le Parti socialiste, et à toi sa dirigeante. Et je dois dire que ce "Lay, Lady, Lay" m'a transporté ailleurs. Pas si loin du pays de la Rose, quoiqu'il en soit. Car, je reste en amour avec toutes ces idées et idéaux qui l'ont forgé.

Mais, aujourd'hui, tu sais, je dois bien te dire et te confier que je doute. Tant et si bien que pour les Européennes, j'ai voté pour le cousin François B. Malgré sa bourde avec Dany, c'est dire! Eh oui, je suis devenu une sorte de croyant/non-pratiquant de ce P.S. à la dérive. Pourtant, tu sembles tenir la barre et aller par monts et par vaux. Quel courage. Quelle abnégation. Ceci dit, nous ne sommes pas dupes. On sait que Ségolène tente de torpiller le mouvement. Il faut dire que ta légitimité à la tête du parti héritier de la SFIO ne tient qu'à un cheveu. Coupé en quatre. Autant de divisions à l'intérieur donc... Tout cela est bien dommage. Ballot, comme dirait l'autre.

Mais, moi, ce matin, j'ai l'audace d'espérer. Moi aussi, comme toi sûrement, j'ai des désirs d'avenir(s). De purs fantasmes, très certainement empruntés de ci, de là. Qu'importe, la politique c'est aussi l'art de rêver et de faire rêver les autres. On se plaît alors à imaginer le changement. Avec une nouvelle garde. Et tous ensemble. Tu sais, ces rêves d'unité, de mouvements collectifs, on peut y croire. J'en reste persuadé.

Hier, ou avant-hier, Manuel Valls s'est exprimé à gorge déployée. Il faut changer, a-t-il crié. L'as-tu entendu? Moi, je regarde tout cela d'un oeil bienveillant. Presque fébrilement. J'ai hâte de voir ce changement. Partir loin du cimetière des éléphants. On dirait presque une chanson d'Eddy Mitchell, moi qui étais parti sur du Dylan...

A moitié excité par cette perspective de chambardement, j'attends. Je ne me résigne pas à voir le P.S. éclater et s'éteindre d'une mort honteuse. J'ose l'espoir. Que feras-tu Martine? Et seras-tu là?

Bien à toi.
Un citoyen plein d'espoir(s).