samedi 22 mars 2008

Alors - jour #1.

Je rentre du bureau. Il est encore et toujours tard. L'appartement est plein de sons. Je reconnais Air, sur la chaîne hi-fi. "Ce matin là". Tout en instrumental. Comme une évidence. Je pose ma sacoche tout près du canapé. Sur la table basse, quelques feuilles de papiers. Noires. Une écriture familière. Et ce presque silence. Soudain. Les rythmes reprennent. La chanson est en boucle. Je commence ma lecture.

"Il est midi, je pars. J'ai décidé de partir, brutalement, comme tu le verras, en parcourant l'appartement. J'imagine déjà ta tête, à la lecture de ce que je viens de coucher sur papiers. Mais, cela étant, j'ai cette envie de tout te livrer. Pour me libérer avant ce départ.

Cela fait cinq années que tout a commencé entre nous. Aujourd'hui, je ne tiens plus. Je ne supporte plus cette vie au quotidien avec et sans toi. Je ne peux plus attendre de te voir rentrer forcément tard, chaque soir. Sans parler de tes déplacements à l'autre bout du monde. Pourquoi? Pour tenter de faire avancer ce monde immobile qui ne veut rien entendre. Je ne comprends pas ton entêtement. Hier, tu ne comprenais pas l'inconsistance des femmes, me disais-tu. Aujourd'hui, je ne comprends pas l'inconsistance des hommes face à ce désir de tout vouloir contrôler et changer. Pas toujours dans le bon sens, en plus. Je pars pour cela, entre autre chose.

Si je t'écris plutôt que de te parler, aujourd'hui, c'est aussi car j'avais, face à moi, un homme froid et déshumanisé. Je sais que rien n'est volontaire chez toi. Je l'ai compris, chaque jour, à ton contact. Aussi, comprendras-tu ces lignes plutôt que les mots employés auparavant. Qui n'ont rien fait changer. L'évolution n'a été que très laborieuse et superficielle. Tu continues à te noyer dans ton travail. Travail devenu labeur pour moi et tant d'autres de ton entourage. Un jour, peut-être, verras-tu la réalité de ta vie.

Je pars donc. Plus rien de ma présence, plus rien de ces cinq années vécues à deux, ne reste ici. A part, mais cela n'est pas certain, une odeur de parfum. Une ombre laissée. Et mon amour, encore vivant. Mais las.

Sois fort comme je pourrais l'être pour ce qui m'attend. Je penserai à toi. Sois en certain. Mélancolique, dans la douleur et la fureur. Je pars."

Comme un fait exprès, "Ce matin là" arrive à son terme. 3 minutes 39 secondes. Les rythmes reprennent, mécaniquement. Mais mon esprit embrouille tout. Le son devient lourd, alors qu'il est léger et presque doux. Tout bourdonne. Un grand vide se forme. Je m'écroule sur le canapé. Ma main droite tremble. Mon œil gauche cligne, douloureux. Une larme coule. Et puis deux.

C'est donc terminé. Creux, je m'effondre en vidant toute ma peine. Seul et abandonné.

à suivre...

vendredi 21 mars 2008

Pensée futile #2.

Ca n'a l'air de rien, mais rentrer dans un ascenseur qui sent la cigarette, ça a tendance à énerver. D'autant plus lorsqu'on a la chance et la joie d'habiter au treizième étage d'une tour d'habitations qui en compte quatorze.

Vous me direz, la vue est sûrement très belle. Ce n'est pas faux. Mais quand même, fumer dans un ascenseur... Je n'arrive pas à passer là dessus. J'ai encore l'impression de sentir cette odeur froide.

C'est futile, certes, mais ça sent mauvais!

Pensée futile #1.

Vendredi saint. La tradition, héritière de notre histoire, veut que l'on mange du poisson, ce jour-là. Eh bien, ce midi, ce fut escalope de poulet et pâtes à la tomate. Menu en réaction et à contre-courant! Heureusement, le week-end arrive. Commençant à être fatigué, par le temps notamment, ce moment pascal me fera donc le plus grand bien. J'en profiterai pour lire, continuer le Rivage des Syrtes et écrire, un petit peu, en ces lieux, en essayant de parler d'autre chose que de politique, à force, les gens vont s'en lasser...

Se mettre au bling-bling et survivre!

jeudi 20 mars 2008

Sur un air de Purcell.

Cela pourrait passer inaperçu, mais Chantal Sébire est morte, hier. Chez elle. Seule? On ne sait guère. On ne sait pas. Morte en emportant avec elle toute cette souffrance. Tous ces maux qui étaient les siens depuis trop longtemps. Voici nos certitudes.

Au loin, j'entends quelques sons. Battements de tambours funestes. Tout résonne dans cette assourdissante atmosphère. Comme ce silence laissé par cette disparition. Ce vide, pourrait-on dire. Ce vide humain, même.

N'ayons pas peur des mots. L'heure n'est que trop grave. Alors que l'on nous rebat les oreilles avec les ressources humaines, l'humanité se laisse étouffer, bafouer. Sous couvert de Droit et de Justice. Principes nécessaires et vitaux d'une vie, cependant. Sauf... sauf qu'un jour, tout bascule. Petit à petit, progressivement, la vie devient apocalypse. Cette étape voit les os se craquer, l'ouïe s'éloigner, la vue se brouiller et l'esprit s'évaporer. L'apocalypse, ce n'est donc pas la fin du Monde tel que nous le connaissons, mais notre lente perdition. Individuelle. Collective parfois.

Hier, Chantal Sébire est donc morte. Son apocalypse a cessé, brutalement. On parlait d'elle, de son calvaire, chaque jour. Pour faire avancer les choses, sans doute. Cette disparition, cette histoire riche de sens, fera-t-elle avancer les choses? Tendra-t-on vers plus de compréhension et d'humanité face à la douleur insoutenable? Autant de questions qui appellent des réponses urgentes et nécessaires.

mercredi 19 mars 2008

Le chiffre du jour.

05
Cinq, c'est le nombre d'années de guerre en Irak.

Le mercredi 19 mars 2003, une coalition emmenée par les Etats-Unis envahissait l'Irak de Saddam Hussein pour mettre fin à la dictature du despotique Raïs. Pacifier ce pays, répandre la démocratie, trouver des armes de destructions massives... voici les buts poursuivis par Oncle Sam, dans ce pays du moyen-Orient.

Depuis cinq ans donc, on ne dénombre presque plus les morts. On sait que cela coûte très cher. La guerre d'une part se compte en centaines de milliards de dollars (plus?). Mais aussi en nombre de cercueils sur lesquels on pose délicatement une bannière étoilée. Témoignage de la reconnaissance de la Nation à ses soldats morts au feu. Mais morts pour quoi, in fine?

Les néo-conservateurs, faucons de la politique américaine, dorment paisiblement quand à Bassorah, par exemple, les G.I. se perdent. Dans le même temps, un homme, kamikaze d'une cause perdue, se fait sauter dans une rue de Najaf. Une autre perte. Pour quoi? Pourquoi?

mardi 18 mars 2008

Brassage gouvernemental.

Y a-t-il eu un vent de panique au sein du gouvernement, au soir du second tour des municipales? Ressentant la terre trembler, plusieurs locataires de quelque ministère ont dû trembler à leur tour. Et si ma place était menacée, après ma tannée?

Heureusement, certains n'ont pas connu la crise, ni subi la vague rosée. C'est le cas, notamment, de Laurent Wauquiez (notre photo).

L'ancien porte-parole du gouvernement, fringant trentenaire, a pris du grade, après avoir pris Le Puy-en-Velay, dans la Haute-Loire. Déjà talentueux dans ces fonctions d'orateur, le voici promu secrétaire d'Etat en charge de l'Emploi. Un challenge de plus à relever pour cet énarque qu'on imagine accessible et posé. Voire simple. Un challenge, car en ces temps de récession, l'emploi occupe une place vitale, si ce n'est nécessaire. Avec ce sempiternel pouvoir d'achat.

J'ai donc beaucoup de sympathie pour Laurent Wauquiez. Parce que je pense qu'il apporte du sang neuf et du fond. Il ne se cantonne pas qu'à la simple forme, et cela mérite d'être souligné.

Aujourd'hui, la Droite peut s'enorgueillir de laisser du pouvoir à de jeunes têtes d'affiches. A Gauche, qu'attend-on pour laisser à Manuel Valls du champ libre? Ou, tout du moins, de plus grandes responsabilités?

lundi 17 mars 2008

La citation du jour.

Entendue, ce matin, sur la matinale de Canal+, cette sortie de Pierre Moscovici. Je vous la livre in extenso.

"La Droite a pris une branlée absolument mémorable".

Pour un lundi matin, à 07 heures 42, on peut dire que la semaine commence fort. Si avec cela on n'avance pas sur la voie de la sagesse, je me demande bien ce qu'il faut faire.

Voici peut-être une piste de réflexion de réponse quant à la question existentielle de mon frère, hier soir.

dimanche 16 mars 2008

Paris 2008.

Il y a, en fin de discours, le sourire d'un homme heureux. Fatigué, mais heureux. Au terme de cette longue campagne électorale pour garder Paris, Bertrand Delanoë se voit donc conforté dans ses fonctions. Et ce, malgré la campagne offensive de la candidate malheureuse du XVIIe arrondissement.

Une campagne électorale fatigue. Pressions, rythmes soutenus... On court partout, on serre des mains à n'en plus finir. On doute. On s'amuse parfois. On débat souvent. Et puis, on affronte la contradiction, les attaques. On vacille de temps à autre, à en devenir étourdi.

Mais, au final, on reste debout! Et, en bout de course, on sourit. Aux autres et au monde entier.

Tibéri au finish.

C'est un peu trouble. Voire troublé. D'abord annoncé comme tombant à gauche, le Ve arrondissement reste sous la coupe du maire sortant: Jean Tibéri.

On a trop voulu se précipiter, sans attendre d'avoir de solides garanties. On s'est pris à croire que ce bastion pouvait basculer. J'y ai cru, avec mes estimations de l'après-midi. Et puis non, finalement.
Le match a été tendu dans cet arrondissement, c'est un fait. Malgré cette abstention qui ronge la démocratie. Mal principal de ces élections.

"Comment faire pour qu'ils aillent voter ?", m'a demandé mon petit frère, en milieu de soirée. Voici ce qui devrait faire bouger notre classe politique. C'est la question d'un Français de 21 ans préoccupé par la politique de son pays. A quand une réponse?

Pari gagnant?

Il est 15 heures 30 passées. Voici, en avant-première, mes estimations pour la capitale. Rien de très scientifique, seulement quelques calculs. Valent-ils mieux que les sondages dont nous abreuvent les télévisions et divers instituts? Résultats, ce soir... en attendant une nouvelle carte. Mise à jour nécessaire. D'ici là, où que vous soyez: allez voter!

Pensée lointaine #1.

Il y a des matins où l'envie d'écouter Bach est plus forte que tout. Tout cela pour "que ma joie demeure". Alors, on pense à tous les maux de ce monde moderne et passé. On écoute en boucle. On pense à quelques phrases de l'actualité. Tristes, presque forcément. Nécessairement. On passe les jours passés au crible d'un spectre noir. Lazare, Chantal et même si cela peut paraître cynique, Isabelle, Zaza pour les intimes. C'est futile, pourrait-on croire. Mais à trop en rire, on s'y attache. Comme à cette vie quotidienne que d'aucuns veulent quitter. Brutalement parfois. De plein gré ou contre. Car, la maladie ronge, à petit feu, avant d'engloutir. "Que l'on vive seulement 24 heures ce que j'endure", pense, quelque part en France, Chantal Sébire. Cette femme demande beaucoup à la justice. Etant aveugle, elle ne peut voir le calvaire enduré au quotidien. Rédhibitoire. Pourtant, j'aime à penser que rien ne l'est en ce monde. On est toujours maître de nos destinés. Faire des choix, c'est la seule chose qui nous appartient véritablement. Pour grandir et poursuivre sur la voie que l'on juge bonne et juste. Si pour cela il faut aller en Suisse ou ailleurs. Pourquoi pas.

En écoutant Bach, ce matin, tout apparaît sous un jour nouveau, plus clair. J'ai beaucoup d'empathie pour Chantal Sébire. J'essaye de comprendre. De ressentir et de palper cette vie qui s'efface à cause d'une tumeur. Les mots qui deviennent de plus en plus lointains. Ce monde auquel on appartient et qui s'efface. A quoi bon rester, si c'est pour rester dans la douleur. A quoi se rattacher? A quelques grammes de morphine pour pallier la douleur? Cette femme a fait un long voyage. Vers les ténèbres d'une vie autrefois plus rose, plus éclairée.

Ce voyage s'achèvera, probablement, bientôt. Sûrement ailleurs.

Ailleurs, c'est loin.