dimanche 3 mai 2009

Sur un air symphonique.

Précédemment dans "Sur un air de..."
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"- Est-ce que cela vous dérangerait de passer sur Radio classique, s'il vous plaît, monsieur?
- Du tout", répond poliment le chauffeur de taxi en tapotant, presque au hasard, sur sa radio les chiffres de ma station phare.

101.1 indique l'engin radiophonique. Et Beethoven en fond sonore qui vient de débuter sa traversée poétique. Je ne sais pourquoi ce morceau est mon préféré du répertoire classique. Un répertoire que j'affectionne parmi tant d'autres et qui arrive à susciter quelques émotions de ma part. Ce qui, il faut le dire, et je peux bien vous le confesser, est assez rare.

Je crois reconnaître le Philharmonique de Vienne tandis que je me saisis des journaux que la réception de l'hôtel m'a laissé pour rejoindre CDG. Alors que je vois la Une du Figaro et conjointement celle du Monde, j'entends les sons instrumentaux monter crescendo. Après le Mi, d'autres notes connues. Ce commencement est langoureux au fur et à mesure que je découvre les gros titres parisiens. Je me laisse bercer alors que nous approchons de Gare du Nord. Déjà! La circulation est fluide et inhabituellement absente en ce matin brumeux. J'aurai, ainsi, plus rapidement les pieds dans l'avion qui me mène ailleurs.

Le morceau se veut Allegretto. Huit minuit 08 de bonheur et de paix. Me voyant certainement contemplatif, le chauffeur n'ose aucune sortie ou question banales. M'a-t-il reconnu, d'ailleurs?

Un nouveau mouvement vient de débuter. Les sons se font plus forts. Plus intenses. Je savoure. Chaque note m'envahit, m'appartient. Si seulement cela pouvait durer la vie entière. Mais, je sais que d'ici deux ou trois minutes, nous passerons à autre chose. Mouvement continu et perpétuel. Je ne garderai jamais qu'en moi-même cette Septième symphonie. Merveilleuse.

Circulant à vive allure, nous approchons de Roissy. Les morceaux se sont succédés, sur la radio, comme les avions qui décollent au pas cadencés dans le ciel francilien. Et, je ne sais pour quelle raison, alors que nous arrivons à vue des terminaux et déposes-minute, le chauffeur se penche rapidement vers sa boîte à gants pour en sortir une pochette jaunâtre. De manière toute aussi fluide, il en extrait un C.D. usé, on peut le voir, pour le glisser dans l'autoradio. Sourire en coin, dans le rétroviseur.

Mi, mi, mi, mi, mi... L'automobile s'arrête à sa place réservée. Mon hôte sort sans mot dire, va chercher ma valise, m'ouvre la porte et me gratifie d'un "Bon voyage, monsieur. Que Carlos Kleiber vous accompagne encore pendant de longues minutes". Interloqué, je remercie cet homme bon et lui sers la main, machinalement.

Ainsi, je quitte la turpitude de cette capitale aimée avec les sons de cette symphonie en La majeur. Et sans accroc, aujourd'hui. La musique adoucit...

Quoique.

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