dimanche 12 juillet 2009

Lettre à Jean-Paul B.

Cher Bébel,

l'autre matin, j'ai pensé à vous. De manière un peu forcée, je dois bien l'avouer. Je regardais paisiblement l'émission matinale de William Lemeyrgie , quand soudain une petite musique douce est venue traverser l'espace télévisuel. Le présentateur, très à son aise, reconnut la bande originale de La Scoumoune mise en œuvre par François de Roubaix, si mes sources sont bonnes. La Scoumoune, pensai-je... La Scoumoune! Mais, c'est un film de Belmondo. Bébel le flamboyant. Alors, logiquement, j'ai repensé à vos monuments cinématographiques et à mes préférences. A commencer par L'As des as. C'est probablement dans ce film que je vous ai découvert. A l'époque, j'étais tout gamin, une dizaine d'années, tout au plus. Et quel souvenir! Comme vous étiez fringant, à l'époque, à lutter contre le nazisme et pour sauver une famille juive. Le gamin qui vous accompagnait portait le même prénom que moi. C'est vous dire si je me suis identifié à cet apprenti empêcheur de tourner en rond. Ah comme je me souviens! Et puis, après ce léger moment de nostalgie, je me suis rappelé Le Professionnel. Ce film m'a surpris par plusieurs aspects. Si ma mémoire ne me fait pas des faux, vous y campiez le rôle d'un agent secret lâché par son service mais obstiné et bien décidé à empêcher un coup d'État... Un truc du genre. Voici pour l'histoire. Une histoire mise en musique, cette fois-ci, par l'excellent Ennio Morricone. Première découverte de l'artiste. Et quel chef d'oeuvre! «Chi Mai» résonne encore partout en moi. Je vous vois rejoindre cet hélicoptère, presque au ralenti avec cette musique douce. Rien de bon ne pouvait se produire. C'était une évidence. On sentait la fin proche alors que les rythmes écrits par Morricone battaient la cadence. Dernier saut. Clap de fin.

Voici donc tout ce que m'a rappelé cet extrait de bande originale scoumounienne. Depuis lors, j'ai réussi à mettre la main sur le dit extrait. Je me délecte à l'écouter. Il y a comme une musique de manège. Ces vieux manèges que l'on trouve parfois en bord de mer. Un air de Je voulais te dire que je t'attends. Si, si, j'insiste...

La délectation ne m'empêche, cependant, pas de penser à vous, aujourd'hui. Et c'est maintenant que la scoumoune nous rattrape. Pauvres mortels que nous sommes. Quand vous ai-je vu pour la dernière fois? Pas dans un de ces films où vous vous affichiez triomphant. Non, aujourd'hui dans la triste réalité de la vieillesse. Ce présent où l'on vous voit dans «Match» affaibli. Ou lorsque les magazines people se gaussent de votre décrépitude et/ou de vos aléas familiaux. Les chiens rodent pour vous voir tomber et vous écroulez. Lâches!

En guise de conclusion, je vais vous dire une chose, cher Bébel. Je n'ai pas vu votre dernier film, Un homme et son chien. Ni même le précédent. Car, quelque part, j'ai envie de garder une certaine image de vous. Je ne me résous pas à vous voir autrement que dans la peau de cet As des as magnifique. Quoiqu'il advienne, vous resterez cet acteur qui a attiré 130 millions de spectateurs vers lui. On ne le souligne probablement pas assez. Question de goûts.

Bien à vous.
Un inconnu incorrigible.

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