mercredi 3 mars 2010

Lettre à Didier B.

Cher Maître,

j'ai appris que vous aviez raccroché la robe sur la patère, samedi soir dernier. Et je dois vous dire, ou puis vous assurer, que cela m'a fait comme un drôle d'effet. Non pas que je fusse un de vos plus fidèles fans ou admirateurs ; mais plutôt parce que vous avez peuplé bon nombre de mes secondes parties de soirées du vendredi. Du temps béni où Julien Courbet, le Zorro de la Ménagère, présentait "Sans Aucun Doute".
Oui, pour sûr, vous étiez, à l'époque, devenu un membre à part entière de la famille. Nous n'étions décidément pas assez de cinq à la maison, faut-il croire. Vous étiez devenu, au fil du temps, comme ce lointain cousin germain dont on oublie souvent (voire toujours) le nom, mais que l'on aime bien, au fond. Il faut dire que vous souffriez d'une quasi homonymie avec l'autre ténor du Barreau, Me Jacques Vergès. Alors, pour ne pas vous confondre, tout un chacun avait trouvé son stratagème à lui. Pour tel, vous étiez connu sous le patronyme de "Maître la Bosse", pour d'autres vous n'étiez que le "Tu sais l'avocat de Courbet qui a le même nom -ou presque- que celui qui a défendu Barbie (le criminel, pas la poupée, ndlr)."

Du coup, dure vie que celle d'être avocat cathodique. D'aucuns, en leurs temps, vous auraient gratifié d'un jugement acerbe et cru: "Oui, l'autre avocat de télé qui a une tronche pas très cathodique"... Mais, aujourd'hui, alors qu'on sait qu'une crise cardiaque vous a emporté à l'âge vénérable de 66 ans, on est comme orphelins. On a, comme qui dirait, perdu un être proche. A poignée de télécommande vous étiez. Invité du canapé du vendredi soir, vous resterez. Même si la rupture a été consommée d'avec Julien C., vous resterez partie prenante de ce binôme éclatant. Pour sauvez les voisins empêtrés dans des histoires abracadabrantesques ou les péquins moyens noyés sous les créances et sur-endettés jusqu'au cou pour avoir acquis une encyclopédie en 72 volumes et en mandarin. Dure loi du marché télévisuel.

Aujourd'hui, de Zorro, vous êtes passé Bernardo. Silencieux ad aeternam.

Cher Maître, croyez bien en l'expression de mon amitié toute cathodique.

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