dimanche 15 août 2010

Comme un boomerang...

Je vous l'ai déjà écrit ; je reviens d'un pays lointain. D'un futur un peu hors du temps, en quelque sorte. Comme je vous l'ai déjà écrit aussi, tout a quelque peu changé, là-bas, au sommet de l'État.

Cette nuit, j'ai des nouvelles de ce pays du lointain. Elles m'arrivent en décalage et n'apportent rien de bon ; comme on pouvait s'en douter, après tout. 

D'après ce que j'ai pu entendre et lire, les choses ont bien changé. Sans attendre le lendemain de l'élection, la rue s'est mise à gronder. Les opposants sont restés toute la nuit dans les rues à manifester mécontentement et craintes diverses. Des craintes justifiées au vu des actions menées aussitôt par le nouveau pouvoir. Car, dès le lundi matin, un couvre-feu a été ordonné entre 23 heures 59 et 5 heures 59. Et dans tout le pays.
Dans la foulée, l'opposition a voulu se faire entendre et appeler à manifester. Des appels relayés, certes, mais les manifestations ont aussitôt été interdites par les représentants des 13 provinces (équivalents de nos régions et préfectures). Malgré tout, des millions de personnes se sont retrouvées dans les rues de la capitale et des principales villes. Face à elles, toujours le même dispositif : des militaires de la Garde nationale (hommes et chars d'assaut) en barrage. Sur les photos que je vois ce soir, la capitale semble noyée dans un épais nuage de fumée lacrymogène d'où ne se détachent que quelques centaines de casques lourds de couleur noire et ces visages masqués de ces militaires dépêchés pour maintenir l'ordre. Ce paysage, triste spectacle d'une démocratie qui s'en va, m'a fait frémir. 

Mon contact de ce pays lointain m'a aussi envoyé un DVD. Sur ce précieux document, j'ai pu voir les informations télévisées des derniers jours, dont l'allocution du nouveau Président. Ce dernier, très sûr de lui et de son fait, n'avait de cesse de marteler qu'il avait été élu démocratiquement et qu'il n'y avait rien à craindre, tout en soulignant fermement qu'il fallait que force reste à la Loi. Et qu'on ne badinait pas avec l'ordre public et la tranquillité. Son regard, bleu, perçant, m'a mis mal à l'aise. Même si je ne suis pas concerné au premier chef par ce qui se passe dans ce petit pays, à des milliers de kilomètres, voire à des années lumières, je n'en demeure pas moins consterné et ébahi. D'autant que les Etats environnants ne font rien... A quoi bon, après tout.

A l'issue du discours du nouvel homme fort de Frandorie, j'ai éjecté le DVD, n'y tenant plus. Je me suis mis à regarder au dehors. Je suis allé à la pêche aux informations et me suis demandé ce qui se passait chez nous. J'ai lu, relu... et l'air de rien, j'ai pleuré. En dedans. Car, comme à la roulette : "rien ne va plus". Drôle de roulette... aux airs russes...

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