dimanche 13 mars 2011

Lettre à une amie japonaise.

Chère amie,

j'écoute en boucle "You are my sister" d'Anthony and the Johnsons depuis de longues minutes. Et depuis de longues minutes, j'ai envie de vous écrire quelques mots. Des mots tous simples, des mots emplis d'admiration et de respect. 

Votre île a été touchée, en fin de semaine, par un terrible tremblement de terre suivi d'un tsunami dévastateur et de nombreuses répliques sismiques.
Dès que cet événement a pu être filmé, nos télévisions et l'ensemble de nos médias ont relayé l'information. Nous avons été placés face au choc et à l'effroi. A la peur aussi. Sans parler de cette angoisse quand nous avons appris que vos centrales nucléaires risquaient de dévaster votre environnement et vous toucher encore plus durement que les attaques naturelles dont nous parlons depuis quelques jours.

Soudain, deux constats se sont imposés. Cruels et tellement vrais.

1. La Nature est impitoyable. On pourra toujours construire toutes les digues, tous les abris, toutes les infrastructures anti-sismiques possibles, celle-ci aura toujours le dessus. Les éléments sortiront toujours vainqueurs de cette lutte initiée par l'Homme et dont les efforts sont et resteront toujours vains. C'est peut-être la leçon de cette fin de semaine ; l'Homme n'est plus rien face au déchaînement des forces naturelles. Tout juste un vulgaire petit grain de sable... si vite balayé. Et anéanti. Déprimant, n'est-ce pas ?

2. Vendredi, votre peuple a été meurtri. Nous avons été les spectateurs de cette terre qui tremble, de ce monde qui s'effondre sous la pression aquatique... Et pourtant, vous êtes toujours debout. Votre force c'est la dignité dont vous faites preuve depuis le commencement de cette rude épreuve. Nulle part nous n'avons vu de scène de panique, d'habitants en proie à une panique noire. Rien. Une sorte de flegme et de retenue semble vous envelopper. Même au paroxysme de la terreur, vous semblez calme et maître de vous. Et si, au final, c'était cela votre force. Celle de ne pas paniquer quelle que soit la situation, car vous avez conscience de la position qui est la votre dans l'ordre des choses. Vous connaissez votre force, mais aussi vos faiblesses ; et le fait que vous n'êtes rien quand la Nature en a décidé autrement. C'est là tout le témoignage de votre humanité que l'on voudrait universelle, pour le coup.

Ce soir, et pour quelques jours encore, nous parlons de vous. Les esprits sont accaparés par ces craintes de voir vos centrales nucléaires céder. On se dit que nous pourrions être à votre place et cette empathie nous fait nous sentir étrangement proches de vous. Car, nous sommes dans le même bateau. Et parce que nous avons conscience de notre petitesse dans le monde. Enfin, quand je dis "nous", j'entends "quelques uns" parmi nous. Cette épreuve que vous endurez doit nous amener à réfléchir encore et encore, sans relâche. Ce n'est pas d'un Grenelle de l'Environnement dont nous avons besoin aujourd'hui ; mais bien d'un changement radical. C'est un monde avec beaucoup moins de cynisme qu'il nous faut. Un monde clairement plus humaniste et plus respectueux. 
Mais, cela ne se fera pas en une journée. Il faudra encore de nombreuses épreuves pour que ceux qui comptent dans le destin du monde en prennent conscience. Aujourd'hui, nous ne sommes que quelques uns à être prêts et en mesure de... En fais-je partie, du reste ?

Ne vous y trompez pas, chère amie, cette lettre est bien une lettre d'espoir. Car, le monde changera bien, un jour ou l'autre. Attendons...

Bien fraternellement à vous.
Un humaniste qui a perdu encore un peu plus du cynisme qui lui restait, vendredi dernier.

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