mardi 16 juin 2009

Lettre à Alain B.

Cher Alain,

cela fait bien longtemps que je voulais t'écrire. Depuis que tu es parti, j'écoute presque en boucle des morceaux choisis issus de tes meilleurs albums. Et, il faut bien le dire, ça me déchire de savoir qu'il n'y en aura jamais plus d'autres. Ce manque là est cruel. Impitoyable, même. Alors, je me repasse ces moments de poésie intense, pour tomber en extase et savourer chaque mot. Masochisme maîtrisé.
Chaque jour, donc, je redécouvre ces mots écris au gré de ta vie. "Bleu Pétrole" est, à cet effet, une mine immense et inestimable. En l'écoutant, je me rappelle ton absence.

Quand es-tu parti, au fait? Je ne me rappelle que de la dernière fois où je t'ai vu. C'était aux Victoires de la Musique. Quelle consécration pour toi, ce soir-là. La profession devait savoir que tu allais partir. Alors, justement, on t'a largement récompensé; dans la précipitation. Je me souviens de tes émotions délivrées auprès de Nagui, le maître de cérémonie. Personne n'était dupe. Ta fin était toute proche, c'était sûr.
Puis-je te confier, presque honteux, que, ce soir là, j'ai ricané de te voir ainsi. Décharné que tu étais, tu offrais une vision pathétique de ce que tu étais devenu. Tu t'étais transformé en un vieillard famélique, creusé et vitreux. Fantomatique. Mais, ce cynisme cachait bien autre chose: mon attachement indéfectible à ton endroit. Et, tu le sais, on n'aime jamais voir les gens qu'on aime en pleine apocalypse. On se protège comme on peut.

Aujourd'hui, j'écoute encore "La Nuit je mens". J'écorche encore et toujours tes paroles. Mais je n'ai jamais autant rêvé être un "dresseur de loulous, dynamiteur d'aqueducs". Quoiqu'il en soit, il subsiste "encore ton écho". Un écho qui est largement agrémenté par ces chansons riches de sens. Une petite musique qu'il est bon d'entendre et de s'approprier... Pour combler le vide.

Sache, simplement, que tu manques. Et, où tu es, passe le bonjour à Fred C. Il manque beaucoup, lui aussi.

Bien à toi.
Un fan triste comme une pierre.

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