Cher Jacques,
eu égard à la fonction que vous avez occupé pendant douze années, je prends le parti, en vous écrivant aujourd'hui, de ne pas vous tutoyer. Ceci dit, vous connaissant un tantinet soit peu, le tutoiement eut été une bonne approche, mais pas envie de tomber dans quelque travers que ce soit. Vous comprendrez bien où je veux en venir.
Voici donc deux années, en gros, que vous avez quitté le Château pour vivre une existence "d'ex" et enfin habiter un autre endroit qu'un palais de la République. Mais ce n'était pas de votre faute. Maire de Paris, ministre, Premier ministre, Président, vous avez eu toutes les fonctions possibles et ainsi leurs avantages. On ne peut pas vous blâmer pour cela. D'ailleurs, vous êtes si sympathique, aujourd'hui, aux yeux des Français. A commencer par les miens. Quoiqu'il en soit, j'ai toujours eu une approche différente vous concernant. Car, même profondément de Gauche, je vous ai toujours gardé une sorte d'attachement. Une espèce de tendresse inexplicable. Pour la stature que vous aviez peut-être. Votre imposante présence aussi, sans doute. Bref, tout cela conjugué fait que je vous ai, plus ou moins, toujours apprécié. Aujourd'hui, je peux livrer ce constat sans être accusé de quelque connivence que ce soit, ou de lèche-bottisme, étant donné que vous n'êtes rien de moins qu'un retraité. Certes, un retraité de luxe. Certainement le premier de la République. Ou le deuxième, Valéry étant encore de la partie. Mais, vous êtes, après Mitterrand, celui qui a durablement marqué notre Histoire, depuis les années 1980. N'en déplaise à d'aucuns!
Aujourd'hui donc, je voulais vous écrire que je vous aime bien. C'est simple comme du Chirac. Et pourtant combien de fois m'avez-vous énervé, aussi sûrement que vous agacez Bernadette en dragouillant ça et là quelque jeune femme au potentiel nonobstant très agréable. En ce sens, vous êtes resté un excellent politique. Toujours ce besoin de plaire, de convaincre et de séduire. Oui séduire. Tout le monde le sait, vous aimez cela. Je passerai sur les légendes urbaines vous ayant affublé de surnoms peu flatteurs. Je vous aime bien, vous ai-je écrit plus haut, donc point de petite pique à votre endroit dans cette missive. A part peut-être une. Enfin, plutôt une interrogation. Et encore, cela concerne la Politique.
Jacques, pourquoi n'avez-vous pas débuté la politique d'ouverture à l'issue du second tour de l'élection présidentielle de 2002? Nous, les gens de Gauche, attendions un remerciement, une attention. Ayant mis nos convictions de côté, nous avions voté en masse pour vous. Et au soir de votre élection avec un score dépassant les 82%: rien. Et depuis lors: rien. Rien, rien et encore rien. Aucun geste. Mince, avais-je pensé. Merde, avais-je éructé! Mais, tout cela, aujourd'hui, c'est du passé. Je vous pardonne ne nous avoir oublié, ce soir là, et les soirs d'après. Après tout, justement, vous aviez peut-être votre dose de cinq années de cohabitation. Allez savoir...
Au gré des lignes, vous avez pu voir qu'il n'y avait, finalement, aucune animosité à votre endroit de ma part. Eh bien, sachez que c'est le cas de bon nombre de Français. On ne sait l'expliquer, mais ils vous aiment. Vous représentez, encore et toujours, cette image paternelle. Ce roc inaltérable et doué d'un humour certain. Ou d'un certain humour. Votre côté corrézien, ça...
Pour terminer, mon cher Jacques, figurez-vous que je pars, cet après-midi, dans les Antilles. Raison professionnelle. Le voyage ne durera que 10 jours et nous y serons pour la visite du Président. M'est avis que l'actuel y est nettement moins apprécié que vous le fûtes. Les Ultra-marins vous adoraient et vous accueillaient toujours à bras ouverts. Demain, la musique sera toute autre. La musique, justement... Depuis votre départ, les valses ont succédé à cette musique qui vous était très personnelle. Mais douce. Très douce...
Vous gardant mon attachement.
Bien à vous.
Un admirateur contenu.
1 Commentaire(s):
vivement la lettre à Lionel L.
(bon courage, t'en as déjà fait la moitié!)
Enregistrer un commentaire