lundi 14 février 2011

Sur un air de "Non, je n'ai rien oublié".

 Précédemment dans "Sur un air de..."
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Je viens d'atterrir à Paris-Charles-de-Gaulle, et il est déjà tard. Voici près de deux années que j'ai quitté la France ; cela me ferait presque bizarre de rentrer après ces longs mois passés ailleurs. J'y ai parfois vécu l'enfer, et revenir à la maison m'apporte comme une vague bouffée d'apaisement. Et de chaleur.

Je viens de quitter la Première de l'A380 de la compagnie et une berline avec chauffeur m'attend sur le tarmac de l'aéroport. J'ai à peine le temps de réaliser que je suis en France que nous filons déjà vers la sortie de la zone réservée. Le conducteur me demande où je désire aller. Je lui indique une adresse dans Paris. Retour aux sources. Ce sera un hôtel tout proche du Louvre. Le chemin se déroule sans encombre, tellement rapidement que j'aurais presque l'impression d'être sous escorte comme nous roulons de manière fluide.

45 minutes viennent de s'écouler et je suis déjà dans ma suite. Je prends une douche rapide, change de costume et m'en vais reprendre possession de cette capitale trop longuement abandonnée. Nonchalamment, je sors l'iPod d'une veste intérieure de mon pardessus et visse ses écouteurs en piteux état sur mes oreilles pour partir et guider mes pas. J'emprunte d'abord l'avenue de l'Opéra pour rejoindre le boulevard des Capucines et arriver finalement vers celui de Malesherbes. La nuit est calme. Aznavour chantonne, en boucle, une de ses plus belles chansons. Histoire de retrouvailles. "Non, [moi non plus], je n'ai rien oublié".
Arrivé dans le parc encore ouvert, je me laisse errer au gré de mes mouvements. "Je ne sais par où commencer" tant et si bien que je décide d'aller d'est en ouest pour retrouver ce banc marqué de ma présence, deux ans auparavant, car "non, je n'ai rien oublié".

En me laissant porter, quasi-aérien, dans ce parc que je chéris, sous un lampadaire, il me semble percevoir une silhouette familière. Je me rapproche de manière féline vers celui que je crois reconnaître. "Le hasard est curieux.
Me voici à quelques mètres. Il ne bouge pas, son regard demeure fixe dans l'obscurité nocturne et loin de l'expression que je lui ai connu, jadis. 
A la manière de l'artiste que j'écoutais il y a encore 3 secondes, je m'approche encore plus près et lui déclame ces quelques mots, empruntés : "Qui m'aurait dit qu'un jour, sans l'avoir provoquer, le destin tout à coup nous mettrait face à face ?" Ici et maintenant, bon sang ! 
Sortant de sa torpeur, je le vois me dévisager et décide de l'interrompre avant qu'il n'ouvre la bouche, m'a-t-il reconnu d'ailleurs? "Tu n'as pas changé... La coiffure peut-être ?" Il me sourit. En me tendant une main froide, presque frigorifiée, il confesse avoir voulu me revoir et de guerre lasse avait abandonné tout espoir. Il pensait que j'étais cloîtré ; j'étais parti loin. J'avais fui. A commencer par lui, mes forfaits et le reste du monde. Le revoir, cette nuit, m'intrigue au plus haut point. Que cela veut-il dire ?

Ce soir, je ne retrouverai pas mon banc, comme nous quittons le parc. "Viens, je te raccompagne à travers les rues mortes", me lance-t-il. Ces paroles me laissent interdit. 

Sait-il ?

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