lundi 31 mars 2008

Alors - jour #1 au matin.

Je me lève alors qu'il est déjà parti depuis de nombreuses minutes. Tel le condamné s'avançant vers l'échafaud, je sais déjà comment se terminera cette journée. Sur un air de musique. Pas celui que je laisserai ici. Celui qui composera cette lettre. Un mouvement en A major. Allegretto. Après un café et pendant aussi. Cela aide à faire passer les mots et les idées. Il faut bien se convaincre par quelque manière.

Un souffle m'envahit alors que je vois mon second café presque prêt. Je ne le suis pas, pourtant. Pourtant, je dois partir. Aussi sûrement qu'une ombre qui s'éloigne, un soir, au crépuscule.

Une goutte de café tombe sur la table basse du salon. Ma grande musique est en répétition. Carlos Kleiber s'active, je le sens. Aussi, dois-je en faire tout autant. Partir dans la plénitude d'une lettre. Posée quelque part, ici. Dans ces lieux qui transportent notre histoire, une certaine odeur et toutes ces pensées. Noires, pour ce matin. Ou pas si roses.

La plume s'agite, presque frénétique, rapide, sur ce papier à lettre. Lourd. Sans fioriture. Les idées s'enchaînent assez bien. Je parle de lui tel que je l'imagine. Car, à bien y réfléchir, je ne le connais pas. Nous avons vécu ensemble durant cinq années. Nous nous sommes croisés trop souvent. Trop souvent cette histoire fut un tourbillon silencieux. Parfois sans vie. Souvent douloureux. Comme ces tornades qui dévastent tout et laissent un abîme comme bouée de sauvetage. Mais, il est déjà trop tard.

Je termine de coucher ce que j'ai sur le cœur. Le papier est d'autant plus lourd avec cette écriture qui sait ce qu'elle veut. Arbitraire, pathétique et terrible. Voici ce qu'il pensera peut-être, ce soir. Tard dans la nuit, alors que je serai déjà loin.

Pour l'heure, je pars. Presque sans remord. Je n'ai réglé aucun compte jusqu'ici. Seul le constat d'une vie à deux qui s'éloigne m'attriste.

Avant de quitter cet appartement vidé de mon âme, je file près de la bibliothèque pour glisser, en silence, "Moon Safari" dans la chaîne. Piste n°8, Ce matin là. Je pars le cœur léger. Sur une note de quasi-perfection rythmique. Nouveau cycle.

Et puis, la tête pleine de souvenirs à l'évocation de ces sons, après avoir poussé le bouton lecture, je me prends à chuter sur le canapé. Ma vision se trouble. En sera-t-il ainsi, ce soir, quand il s'apercevra que j'ai lâché sa main ?

Il faut que je m'évade. Vite. Après, il sera trop tard...

à suivre...

0 Commentaire(s):

Enregistrer un commentaire