vendredi 2 avril 2010

Des restes de prétoire.

"Croyez-moi ou pas", mais j'adore le métro et le RER (j'ai déjà dû vous le dire, en même temps...). 
Encore une fois, tout à l'heure, alors que je rentrai  paisiblement d'Invalides (avec mes billets d'avion pour les vacances estivales [Lisboa here I come!]) pour rejoindre ma banlieue bourgeoise et dorée, j'ai assisté à une scène des plus épiques dans la voiture de ce bon RER C.

Pour une fois, je n'avais pas mes écouteurs d'Iphone vissés sur mes oreilles. Du coup, cela m'a permis d'entendre, comme si j'y étais, une conversation téléphonique entre deux vieux amis. Déjà, l'interlocuteur présent (que nous nommerons Philibert) parlait avec emphase et était content d'avoir son bon vieux pote de 30 ans au bout du fil. Mais, il faut bien l'avouer, cette conversation, ça sonnait un peu comme un vulgaire message laissé sur une boîte vocale. Je me suis dit que ça n'allait donc durer que 30 secondes. Erreur, erreur! Voyant qu'il y avait du grain à moudre, et du répondant, Philibert a commencé à raconter sa vie. Morceaux choisis...

- "Oui, ce soir, je me disais que tu pourrais venir faire de la musique et passer un peu de temps à la maison. Mais, je ne pourrai pas venir te prendre à Val Fleury ; on m'a volé ma voiture hier, en face du bureau... et c'est pas un poisson d'avril! (soupir et rire jaune)."

L'autre au bout du fil a dû lui répondre - poliment - qu'il s'en foutait de venir à Meudon (92) et que comme il avait un avion à prendre pour Leningrad le lendemain, de toute manière, il aurait pas le temps de passer.
 
- "Bon, c'est pas la peine de t'excuser... depuis le temps qu'on se connaît, quand même. Ah! J'en ai une bonne!"

A ce moment là, le gars à l'autre bout du combiné a dû poser le téléphone sur une table, en le mettant sur haut-parleur, histoire d'entendre ce qui se dit... pour éventuellement intervenir, sait-on jamais...

- "Oui, figure-toi que l'autre jour au Palais (de Justice, ndlr), j'ai croisé Cécile. Elle était avec un autre" confrère qui plaidait dans une autre juridiction (ton péremptoire et pompeux), et..."

Notre avocat de la ligne C vient d'être interpellé par un autre voyageur (avec casque audio sur les oreilles) lui demandant de faire moins de bruit, parce que toute la voiture profite de ses plaidoiries live et qu'à 17 heures 15, on n'en a rien à secouer de ce qu'il pense de Cécile, etc.

- "Oui, excuse-moi, (en mode murmure, lèvres pincées) y a un gars qui m'a dit que je parlais trop fort. Pffff, vraiment (exclamation de stentor)... Alors, je te disais, j'ai vu Cécile, et elle ne m'a rien dit... Ca, c'est bien les femmes... mais moi, j'ai pas fait de gaffe, tu me connais."

L'autre parti soulager sa vessie, mais restant tout de même à l'écoute du monologue a sûrement braillé quelques mots de compassion, sans vraiment être certain qu'il faille employer ce sentiment là...

- "Et puis, après, j'ai vu Jocelyne... ah mais, j'arrive à Meudon, je dois te laisser..."

Avant qu'il ne termine son appel, je suis passé à côté du voyageur mécontent, un barbu d'une quarantaine d'années, qui avait l'air affable, pourtant. Il m'a suivi vers la sortie, et je lui ai dit que notre ami avocat se croyait probablement encore au Palais à faire des effets de manche, même au téléphone. Ceci étant, on a été plusieurs à se regarder tellement le spectacle valait le coup. On se serait cru dans une histoire à la Alphonse Daudet, "mais bien sûr, vous n'êtes pas obligés de me croire..."

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